A l’occasion du point presse de début de saison de BeIN Sport, Basket Infos a pu s’entretenir avec Jacques Monclar, consultant pour la chaîne, mais aussi champion d’Europe avec Limoges en 1988 notamment. Et à l’aube d’une nouvelle saison, Jacques Monclar a hâte d’une saison NBA qui s’annonce palpitante. Alors comment sent-il cette future campagne ?
“Belle parce qu’il y a rarement eu autant de très très forts joueurs. Il y a des jeunes joueurs qui arrivent, enfin des jeunes, je parle des Jayson Tatum, des Jaylen Brown, des Luka Doncic, des Trae Young, des joueurs qui sont déjà très haut dessus. Des joueurs qui sont établis comme Stephen Curry, qui commence à vieillir, Kevin Durant, Rudy Gobert trois fois meilleurs défenseurs, James Harden. Il faut de tout pour faire des équipes. Les anciens LeBron, Westbrook, Melo qui vont se retrouver dans la même équipe. Il y a ceux qui sont dans le socle avec Butler aussi, par exemple. On a les meilleurs joueurs du monde réunis dans un championnat de 30 équipes quoi ! Et puis la conférence Est s’est bien renforcée, l’Ouest est toujours très fort. Il va y avoir une lutte, avec encore un champion magnifique l’année dernière, pas venu de nulle part, mais qui n’était pas forcément le favori. Tout ça c’est beau, avec des franchises historiques qui renaissent, on a les Knicks, Boston qui est en train de reconstruire, avec le retour des Warriors, Denver voir si Jamal Murray revient. Et puis Utah, qui s’est renforcé, qui a pris un peu d’expérience au poste 4 pour aider Royce O’Neal. On va voir si Rudy va être capable d’être plus impliqué. Utah m’interpelle un peu à l’Ouest, je me dis qu’il y a un moment où ils vont y arriver.”
Et parmi tout cet amoncellement de stars et d’équipes ultra complètes, Jacques Monclar y voit aussi quelques poils à gratter capables de semer la zizanie dans la hiérarchie.
“A l’Est, je vois trois surprises. En premier Miami, ensuite à égalité, Chicago et Boston. A l’Ouest j’ai Memphis. Après concernant Denver et les Clippers il y a tellement d’interrogations avec les absences de Murray et de Kawhi. J’aimerais bien que les Warriors se remettent en route aussi, on va voir quand revient Klay Thompson et ce que va faire Wiseman aussi qui avait bien progressé au début et qui était bien et qui après a eu un petit coup de mou.”
En tout cas, pour l’ancien joueur, pas question d’avoir peur d’un flop pour les Lakers et les Clippers qui devraient tenir leur rang.
“Les Clippers sont un peu dans la continuité et puis Kawhi n’est pas là. On a vu qu’ils étaient capables de faire des choses autour de Paul George et la difficulté pour eux ça sera peut-être de réintégrer Kawhi. Concernant les Lakers, je répète. Oui ils sont vieux, c’est clair. Oui il y a des mecs qui n’ont pas gagné comme Melo. Mais il y a aussi beaucoup de mecs qui ont gagné. Et LeBron il deale mieux avec des joueurs expérimentés qui ont de la bouteille qui sont plus ou moins de sa génération. Je pense qu’il deale plus avec des “30+” qu’avec des “25 -”. Et le projet des Lakers là, il est sur un ou deux ans. Mais je pense que le choix qu’a fait Rob Pelinka, il n’est pas idiot. Après il faut être en bonne santé. Après on parle de Westbrook, perso, je l’aime bien Westbrook. Mais je ne suis pas inquiet. Quand LeBron est dans une équipe comme ça, où il est le boss avec des mecs qui comprennent – ils sont de la même draft avec Melo – Ces mecs ils sont aux ordres et ils répondent. Alors que souvenez-vous, même quand ils sont champions avec Kyrie ça avait été très compliqué, pareil avec Schroeder, ça n’est pas passé. Il lui vaut mieux Rondo que Schroeder.”
Dans tout cet amas d’équipes, plus armées les unes que les autres que les autres, nous avons tout de même demandé au consultant s’il pouvait nous ressortir un favori par conférence. Et là aussi, le choix est compliqué. D’autant que certains effectifs peuvent encore laisser quelques doutes sur leur composition…
“Un favori c’est difficile, parce qu’on ne sait pas ce que va faire Kyrie. J’ai envie de sortir les Lakers, mais j’aimerais qu’Utah y arrive. Pour Rudy, pour le travail fourni et pour cette franchise. De l’autre côté, c’est impossible de ne pas dire les Nets, mais après, Milwaukee bien sûr, les Sixers aussi voir avec Simmons. Si par exemple demain, ils échangent Ben Simmons contre John Wall, c’est pas mal pour être champion l’année prochaine… Mais les Nets d’abord et après, les Bucks et Miami.”
Parmi les équipes favorites pour l’année prochaine, on retrouve évidemment Utah, premier de la saison régulière l’année dernière. Et pour Jacques Monclar, s’il faudrait sûrement plus impliquer Rudy Gobert en attaque, il faut aussi surtout calmer les coups de chaud de l’équipe, qui se retournent parfois contre elle-même.
“L’objectif, c’est de plus l’impliquer (à propos de Rudy Gobert). Pas autant qu’en équipe de France, mais plus en tout cas. Pour Utah, il faut que des joueurs comme Mitchell, Clarkson, Ingles, Bogdanovic, quand ils mettent dedans, ne deviennent pas fous. Parce que c’est la structure de cette équipe, c’est que c’est une équipe défensive, avec Conley qui un est joueur qui défend bien, qui installe le jeu, qui garde le ballon et les autres qui sont des scoreurs. S’ils deviennent fous, ils oublient de défendre. C’est ça que Quin Snyder doit arriver à résoudre.”
Du côté du champion en titre, il va falloir compter sur les retours de blessure, mais surtout le Big Three peut encore progresser, après n’avoir pas tant joué ensemble que cela. Mais la concurrence à l’Est sera rude.
“Je trouve déjà qu’ils vont avoir le retour de Di Vincenzo, qui est un renfort quelque part. La confiance qu’ils ont accumulée tout de même dans le Big Three avec Holiday, Middleton et Giannis qui est encore jeune et qui peut progresser. Maintenant il y a toujours l’épouvantail Brooklyn et Kevin Durant. Ils ont quand même été au bord contre les Nets.”
Concernant les surprises de la saison passée, Phoenix et Atlanta, Jacques Monclar n’a pas la même analyse. Surtout que Phoenix, malgré une marge de progression conséquente, ne pourra que difficilement faire mieux que l’année dernière, à part en allant chercher le titre. Reste à voir comment l’équipe appréhende cela, alors que cette pression leur était inconnue il y a encore un an. Pour Atlanta, ce n’est pas la même chose, certains joueurs importants vont revenir de blessure et Trae Young n’a peut-être pas fini de progresser.
“Les Suns, on les attend alors qu’on n’attendait rien d’eux avant. Donc ça leur met une pression sur le développement de Booker, de Cam Johnson, de Deandre Ayton. Ils ont une équipe qui a été en finale, avec Monty Williams, Chris Paul, ça va être difficile de faire mieux. Après ils ont quand même pris un sacré coup sur la tête parce qu’ils menaient 2-0 et que sur la suite c’est comme s’ils prenaient en sweep en en perdant 4 de suite. Devin Booker a explosé en vol, comme en finale des Jeux aussi donc à voir.
Atlanta s’est bien renforcé, Cam Reddish est là alors qu’il avait été beaucoup blessé, c’est un joueur complet, Huerter, Bogdanovic, Capela, John Collins, De’Andre Hunter et bien sûr Trae Young. Est-ce qu’il va continuer de progresser à la Steph Curry ? Parce que ce qu’il a fait là, c’est très fort.”
Fan des Knicks devant l’éternel, Jacques Monclar s’est aussi arrêté sur l’intersaison de la franchise new-yorkaise et sur les ambitions qu’elle peut nourrir avant l’année prochaine. Il est aussi revenu sur l’arrivée d’Evan Fournier au sein des Knicks qui va provoquer pas mal d’attentes.
“Je suis ravi pour lui (Fournier) et pour les Knicks. Il faut mettre des paniers, son intensité, son côté col-bleu ça va être bien. Certes Kemba est aussi arrivé, mais ils ont perdu Reggie Bullock aussi qui était important. Il y a le retour de Mitchell Robinson, le maintien de Derrick Rose, de Taj Gibson, la méthode Thibodeau. Le retour de Kemba, le seul doute qu’on peut avoir, c’est sur ses genoux. Obi Toppin aussi sera meilleur sans doute. Quickley si tout va bien, il sera le successeur de Derrick Rose. L’année dernière, c’est insensé qu’ils terminent quatrièmes. S’ils sont classés sixièmes ou mieux à l’Est cette année, c’est très bien. Boston va être pas mal, puis Sixers Bucks et Nets, ça fait déjà quelques-uns. Pour peu que Charlotte soit bien, si Hayward joue, si les blessures les laissent tranquilles.”
Au rayon des individualités, il y a bien un favori qui semble se détacher concernant le titre de MVP pour Jacques Monclar, même si ce n’est pas la distinction la plus importante.
“On va attendre de voir ce que donne Luka qui peut se développer encore cette saison. Pour le MVP, je pense que Durant ne va pas être loin. Mais bon après le titre de MVP de la saison régulière, ce n’est pas le plus important.”
Concernant les progressions individuelles, l’ancien meneur attend surtout de voir certains gros joueurs, devenir de très gros joueurs, le cap le plus dur à passer.
“C’est facile d’exploser quand on est au niveau 5 pour aller au niveau 8. Mais par exemple un joueur comme Jayson Tatum, s’il passe du niveau 8 au niveau 9 ou 9,5 il aura explosé aussi…”
Pour les Français, en dehors des contrats two-way, deux d’entre eux vont devoir cravacher pour montrer qu’ils ont leur place dans la ligue, Frank Ntilikina et Timothé Luwawu-Cabarrot. Le premier a décroché un contrat à Dallas, et il ne va pas falloir qu’il laisse passer sa chance. Pour TLC, le chemin paraît encore plus compliqué.
“Il fallait bien qu’il trouve quelque chose. Avec son agent qui est à Dallas, il est dans un petit cocon. Après sa complémentarité avec Luka Doncic elle apparaît évidente, mais il faut qu’il se fasse sa place. Idem, Timothé Luwawu-Cabarrot à Atlanta qui va devoir se faire sa place.”
Pour les leaders, l’objectif sera le titre et Jacques Monclar ne leur souhaite que le meilleur.
“Rudy du coup, j’espère qu’il pourra aller en finale. Nico Batum, il faut qu’il continue à faire du Nico et que quand Kawhi n’est pas là, il sache qu’il peut prendre plus de shoots. Nico je suis ravi de ce qui lui arrive.”
La NBA sera de retour dès le 19 octobre, en France sur les chaînes de BeIN Sports et avec un nouveau dispositif.